Psychothérapies & Hypnothérapie Dépendance Affective

Qu’est-ce que la dépendance affective en psychologie ? Et quels sont les liens avec le travail de deuil ?

La dépendance affective en psychologie se définit comme un besoin excessif et compulsif d'amour, d'attention ou d'approbation de la part d'une autre personne. Les personnes qui en souffrent cherchent à combler une insécurité émotionnelle profonde en s'attachant de manière excessive à quelqu'un d'autre, au point de sacrifier leurs propres besoins et leur bien-être pour maintenir la relation. La dépendance affective est souvent marquée par la peur de l'abandon, une faible estime de soi, et un sentiment de vide en l'absence de l'autre.

Caractéristiques principales de la dépendance affective :

 - Peur de l'abandon : une angoisse intense face à l'idée de perdre l'autre personne.

 - Sacrifice de soi : les besoins et désirs personnels sont mis de côté pour maintenir la relation.

 - Besoin constant de validation : dépendre de l'autre pour se sentir valorisé ou en sécurité.

 - Difficulté à être seul : incapacité à se sentir bien en étant seul ou à trouver un équilibre personnel.

Les liens avec le travail de deuil :

Le travail de deuil, tel que décrit par la psychologue Elisabeth Kübler-Ross, fait référence au processus émotionnel traversé par une personne qui fait face à la perte, qu'il s'agisse d'un être cher, d'une relation, ou même d'un statut. Ce processus inclut des étapes comme le déni, la colère, la négociation, la dépression et l'acceptation.

Dans le cas de la dépendance affective, le travail de deuil peut être particulièrement difficile pour plusieurs raisons :

 1. Peur de la solitude : Les personnes en dépendance affective peuvent vivre la perte comme une destruction de leur identité, car elles se définissent souvent par leur relation à l'autre. Elles ont beaucoup plus de mal à accepter la séparation ou la rupture, car cela renforce leurs insécurités profondes.

 2. Détachement difficile : Le processus de détachement est une composante importante du deuil. Pour les personnes dépendantes affectivement, ce détachement peut être vécu comme une blessure insurmontable, car elles ressentent un besoin intense de rester connectées à l'autre pour éviter la douleur.

 3. Compulsion de recréer des liens : Plutôt que d'accepter la perte, une personne en dépendance affective pourrait chercher immédiatement à combler ce vide en se liant à quelqu'un d'autre, sans vraiment traverser le travail de deuil. Cela peut mener à des cycles répétitifs de dépendance et de ruptures.

 4. Difficulté à accepter la réalité : Le processus d'acceptation, une étape clé du travail de deuil, est souvent retardé ou évité chez une personne dépendante, car reconnaître la perte signifie faire face à la peur du vide émotionnel.

Ainsi, bien que le travail de deuil soit difficile pour toute personne confrontée à une perte, il peut être particulièrement complexe et prolongé pour une personne en situation de dépendance affective.

Comment un psychothérapeute Freudien ou Rogérien peut aider un patient souffrant de Dépendance Affective ?

Un psychothérapeute freudien (orienté par la psychanalyse) et un psychothérapeute rogerien (orienté par la psychologie humaniste centrée sur la personne) aborderaient la dépendance affective de manière différente, mais avec des objectifs communs : aider la patiente à mieux comprendre les causes profondes de sa dépendance, à renforcer son estime de soi, et à développer une autonomie émotionnelle.

Approche freudienne (psychanalytique) :

La psychanalyse freudienne se concentre sur l'exploration de l'inconscient et des conflits émotionnels non résolus, souvent issus de l'enfance, pour comprendre les comportements actuels du patient.

Objectifs :

 - Explorer l'origine de la dépendance affective : Un thérapeute freudien cherche à identifier comment les premières relations d'attachement (généralement avec les parents) ont influencé les modèles de dépendance affective actuels. Freud mettait l'accent sur les conflits œdipiens, les fixations ou les traumatismes émotionnels qui ont conduit la patiente à rechercher de façon excessive l'amour et la validation chez les autres.

 - Analyse des transferts : La dépendance affective peut être vue comme un transfert émotionnel, où la patiente reproduit inconsciemment des schémas relationnels issus de ses expériences précoces (par exemple, la relation avec ses figures parentales). Dans le cadre de la psychothérapie, le transfert (c’est-à-dire la manière dont la patiente projette ses attentes et ses émotions sur le thérapeute) peut être analysé pour comprendre ces répétitions inconscientes.

 - Libération des pulsions inconscientes : Le thérapeute utilise l'association libre, l'exploration des rêves et l'analyse des résistances pour permettre à la patiente de comprendre et de libérer les désirs inconscients qui renforcent sa dépendance affective. Cela pourrait révéler des peurs profondes de l'abandon ou des sentiments d'insuffisance qui sous-tendent son besoin constant d'approbation.

 - Résolution des conflits internes : En mettant en lumière les conflits émotionnels non résolus, le thérapeute aide la patiente à prendre conscience des processus inconscients qui la poussent à rechercher compulsivement l'affection des autres, et à trouver des moyens plus sains de répondre à ses besoins émotionnels.

Exemple d'intervention :

Une patiente pourrait découvrir, grâce à l'analyse, que sa dépendance affective est liée à un sentiment d'abandon vécu dans l'enfance, peut-être à cause d'un parent distant ou critique. En prenant conscience de cette dynamique, elle pourrait commencer à comprendre comment elle recrée inconsciemment ces schémas dans ses relations actuelles.

Approche rogerienne (centrée sur la personne) :

L'approche rogerienne, fondée par Carl Rogers, est une forme de thérapie humaniste qui met l'accent sur la relation thérapeutique et l'accompagnement bienveillant, où la patiente est perçue comme étant la principale actrice de son propre changement. Cette thérapie vise à favoriser l'autonomie et la croissance personnelle, en cultivant un climat de confiance et d'empathie.

Objectifs :

 - Écoute empathique et bienveillante : Le thérapeute rogerien adopte une attitude de compréhension profonde et inconditionnelle envers la patiente. Cette écoute empathique permet à la patiente de se sentir acceptée dans son état de dépendance affective, sans jugement, ce qui favorise l'exploration libre de ses émotions et comportements. Cela aide à créer un cadre où la patiente peut commencer à explorer ses sentiments d'insécurité et de peur de l'abandon.

 - Valorisation de l'expérience subjective : Plutôt que d'explorer l'inconscient comme dans l'approche freudienne, le thérapeute rogerien s'attache à la perception consciente que la patiente a d'elle-même et de ses relations. Le thérapeute l'aide à mieux comprendre ses propres besoins et à accepter son expérience émotionnelle actuelle, tout en l'encourageant à trouver ses propres solutions et à développer une autonomie émotionnelle.

 - Développement de l'auto-actualisation : La dépendance affective est souvent le signe d'une faible estime de soi. L'approche rogerienne met l'accent sur le processus d'auto-actualisation, où la patiente est encouragée à développer une image plus positive d'elle-même, à reconnaître ses qualités et ses capacités, et à se libérer de la peur de ne pas être "suffisante" en elle-même. Le thérapeute agit en miroir, reflétant les émotions et les pensées de la patiente pour l'aider à mieux les comprendre.

 - Acceptation de soi : En se sentant pleinement acceptée par le thérapeute, la patiente apprend à s'accepter elle-même. Cela peut l'aider à se libérer de la croyance qu'elle doit être validée par les autres pour avoir de la valeur, et à trouver un sens d'identité plus fort et plus indépendant.

Exemple d'intervention :

Une patiente qui souffre de dépendance affective pourrait être encouragée à exprimer ses sentiments de vide et de peur de l'abandon. Le thérapeute, par une écoute empathique, l'aiderait à comprendre que ces sentiments sont valides et qu’elle peut, progressivement, apprendre à s’appuyer sur elle-même pour combler ses besoins émotionnels plutôt que de dépendre exclusivement de ses partenaires.

Comparaison des approches :

 - Focus sur l'inconscient vs focus sur l'expérience consciente : Alors que la thérapie freudienne cherche à explorer les mécanismes inconscients et les conflits passés pour expliquer la dépendance affective, la thérapie rogerienne se concentre sur le vécu présent de la patiente, en l'aidant à exprimer et à accepter ses sentiments actuels.

 - Rôle du thérapeute : En psychanalyse, le psychothérapeute prend un rôle plus directif et analytique, tandis qu'en thérapie rogerienne, le thérapeute adopte une posture non-directive, encourageant la patiente à trouver ses propres solutions dans un cadre de soutien.

 - Analyse vs acceptation inconditionnelle : L'approche freudienne met l'accent sur l'analyse des dynamiques relationnelles et des conflits internes, tandis que l'approche rogerienne met l'accent sur une acceptation inconditionnelle, aidant la patiente à se reconnecter à elle-même.

Conclusion :

Les deux approches peuvent être complémentaires dans le traitement de la dépendance affective. La psychanalyse freudienne offre un cadre pour comprendre les origines profondes de la dépendance, tandis que l'approche rogerienne favorise un climat de guérison, d'acceptation de soi et de développement de l’autonomie émotionnelle. Tout dépend de la personnalité du patient et de ce qu'il recherche dans son cheminement thérapeutique.